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En septembre 2024, j’ai publié un billet lequel j’observais qu’il était possible que la Commission canadienne du lait (CCL) ajuste le prix du lait à la baisse en février 2025. Cette observation était basée sur mes estimations du coût de production et du taux d’inflation observé à partir de l’Indice des prix à la consommation (IPC), les deux composantes de la formule nationale d’établissement des prix. Dans un communiqué de presse, la CCL calcule à partir de la formule que le prix du lait devrait diminuer, mais légèrement. Mes calculs résultaient en un déclin beaucoup plus important. Dans ce billet, j’examine les raisons de cette différence.

La CCL a publié le 4 octobre 2024 l’étude de coût de production pour 2023. Après indexation, la CCL constate que le coût de production d’un hectolitre de lait a chuté de 2,93%. Dans mon billet de septembre j’obtienais une baisse de 6%. En ce qui concerne l’inflation, dans son communiqué de presse, la CCL note que l’IPC a augmenté de 2,89% pour la période de 12 mois se terminant en août 2024, alors que j’ai constaté qu’il a augmenté de 2%. En utilisant la formule nationale d’établissement des prix, la CCL estime que le prix du lait devrait baisser de 0,02% en février 2025. J’avais constaté qu’il devrait baisser de 2%.

J’ai été surpris de la différence entre les estimations de coûts de la CCL et les miennes. Il y a quelques détails des calculs de la CCL que je n’avais pas compris ou supposé différents. En conséquence, j’ai corrigé la façon dont j’estime les coûts de production du lait. En ce qui concerne la différence dans l’IPC, je ne pensais pas pouvoir me tromper. Il s’avère que la CCL calcule la variation de l’IPC d’une manière non conventionnelle.

Ce billet est pour les mordus de détails, car je vais examiner certains aspects des méthodes utilisées de la CCL. Je critique certaines méthodes utilisées par la CCL, mais je ne plaide pas pour que la CCL modifie ses procédures. L’utilisation d’une formule pour ajuster les prix est toujours une approche imparfaite à bien des égards. Toutefois, si la formule nationale d’établissement des prix et tout le processus qui l’entoure sont acceptés par les parties prenantes, je ne vois pas l’intérêt de les modifier. Je pense que la cohérence au fil du temps est plus importante pour la crédibilité du processus que de tout bien faire dans les petits détails. Néanmoins, des améliorations au processus devraient être envisagées tous les cinq ans environ pour s’ajuster aux nouvelles réalités.

La CCL rend disponibles les résultats des enquêtes annuelles sur le coût de production sur cette page, ainsi qu’une publication qui décrit le processus d’estimation du coût de production. Le processus est devenu beaucoup plus transparent au cours des deux dernières années. J’ai lentement acquis une compréhension plus profonde de l’ensemble du processus et, en conséquence, j’ai amélioré mes modèles.

Je passe en revue ici les détails que je n’avais pas bien compris dans mon billet de septembre.

Un détail que je n’avais pas bien saisi est la période de référence que la CCL utilise pour l’indexation. Je crois que la CCL réfère à celle-ci dans son étude de coûts comme la période de base, mais elle ne définit pas celle-ci. Auparavant, j’avais utilisé les trois mois se terminant en août de l’année d’une études de coût. Mais après avoir demandé à la CCL, qui a gentiment répondu très rapidement, la période de référence est l’année entière, reflétant que les fermes rapportent leurs coûts pour l’année entière.

Corriger ce détail a eu un petit impact sur mes calculs. Je suis en mesure de reproduire l’indexation des CCL. Néanmoins, j’ai apporté un petit changement à l’indexation : j’indexe les coûts de transport à l’aide des données du tableau 18-10-0281 de Statistique Canada parce que je n’ai pas de données pour les coûts de transport P5.

Dans les derniers calculs du changement annuel du coût de production, la CCL a comparé les coûts indexés pour les trois mois se terminant en août 2024 aux coûts indexés pour les trois mois se terminant en août 2023 tels que calculés en 2023. Je pensais auparavant que la CCL utilisait l’étude de coûts de 2023 pour indexer les coûts au cours des trois mois se terminant en août 2023 et 2024.

Bien que je trouve discutable la pratique consistant à comparer les coûts de deux études de coûts indexées, je ne pense pas que ce soit faux. Cette approche a l’avantage d’être cohérente puisqu’elle compare des coûts indexés. Toutefois, elle s’appuie sur une étude plus ancienne pour évaluer les coûts au cours d’une année pour laquelle les résultats d’une étude de coûts sont disponibles. C’est-à-dire, la pratique actuelle consiste à utiliser l’étude de coûts de 2022 pour estimer les coûts au cours des trois mois se terminant en août 2023. Cependant, l’étude de coûts de 2023 pourrait être utilisée pour indexer les coûts au cours des trois mois se terminant en août 2023. J’estime que ce serait un meilleur choix parce que l’information la plus récente et la meilleure disponible serait utilisée.

La CCL mène son étude de coûts dans le but d’estimer la variation annuelle du coût de production du lait. J’adapte l’étude de coûts pour estimer les coûts d’un mois à l’autre. Bien que j’indexe les coûts en suivant la méthode de la CCL, j’effectue plusieurs modifications pour suivre les coûts dans le temps.

J’adapte la méthodologie de la CCL en intégrant l’information provenant de plusieurs études de coûts. L’étude annuelle porte sur un petit nombre, mais raisonnablement grand, de fermes. Deux cent cinquante-quatre fermes dans la dernière enquête. L’intégration de l’information provenant d’études de coûts antérieures revient à augmenter le nombre de fermes sondées au cours d’une année donnée. C’est-à-dire que les études antérieures contiennent des renseignements qui sont utiles pour estimer les coûts de l’année en cours et pour faire des prévisions. Je combine plusieurs études de coûts à l’aide de régressions sur les poids calculés pour l’indexation des coûts.

La figure 1 compare les coûts mensuels estimés pour la méthode d’indexation annuelle de la CCL à ma méthode qui combine plusieurs études de coûts. Les deux méthodes donnent des estimations similaires jusqu’en 2020 et diffèrent de manière plus significative par la suite. L’année de la pandémie ressort avec des coûts des autres années en utilisant la méthode des CCL. Pour cette raison, j’ai attribué un poids inférieur à 2020 dans mes modèles de régression. Notez également les sauts dans les estimations de coûts à travers les années lorsque vous suivez la méthode CCL. Cela est le plus évident de 2018 à 2019, de 2019 à 2020 et de 2020 à 2021. Ma méthode a tendance à lisser les estimations de coûts, ce qui est approprié compte tenu de mon objectif d’estimer les coûts dans le temps.

Estimation du coût total de production du lait

Figure 1: Estimation du coût total de production du lait

La principale raison de la différence dans les coûts estimés par moi et ceux des CCL était que j’ai combiné les résultats de plusieurs études pour estimer les coûts. Vous pouvez observer dans la figure 1 cette différence pour les trois mois se terminant en août 2024. Notez également que je n’avais pas encore accès à l’étude de 2023 lors de l’estimation des coûts en septembre. L’indexation des coûts de la figure 1 comprend les données de l’étude de coûts de 2023.

Depuis mon billet de septembre, j’ai modifié les modèles de régression pour l’estimation des poids d’indexation. Si vous comparez mes estimations de coûts de la figure 1 à celles de septembre, la principale différence est ce qui se produit une fois que les coûts ne sont plus calculés à partir d’indices réels, mais à partir de prévisions. Je crois que les nouveaux modèles de régression donnent une pondération des indices plus approprié.

Selon Statistique Canada, l’IPC a augmenté de 2,0 % d’une année à l’autre en août 2024. J’ai été très surpris de constater que la CCL considère qu’il a augmenté de 2,89%.

Statistique Canada a calculé la variation annuelle de l’IPC en prenant la valeur de l’IPC en août 2024, 161,8, et la valeur de l’IPC en août 2023, 158,7, ce qui donne un taux d’inflation de 2 % (161,8/158,7 - 1 = 0,0195). C’est la façon conventionnelle de calculer la variation de l’IPC. J’ai découvert que la CCL a pris la moyenne de l’IPC entre septembre 2023 et août 2024, 159,9, et la moyenne de l’IPC entre septembre 2022 et août 2023 (155,4) pour calculer une augmentation de 2,89% de l’IPC (159,9 / 155,4 - 1 = 0,0289).

Je ne peux pas dire que la méthode utilisée par la CCL est erronée, mais elle n’est certainement pas conventionnelle. Je ne suis pas en mesure de trouver de bonnes raisons de procéder de cette façon. La saisonnalité ne devrait pas être un problème, car c’est un taux annuel qui est calculé. Prendre des moyennes lisse les chocs mensuels, mais des chocs mensuels importants se produisent rarement sur l’IPC, en particulier lors du calcul d’un taux annuel.

En examinant les annonces précédentes, j’ai constaté que la CCL a utilisé la même méthode pour calculer le changement dans l’IPC au cours des trois dernières années. Je ne peux pas le confirmer pour 2021 et avant, car les changements dans l’IPC ne sont pas mentionnés dans les annonces. Si la CCL s’en tient à la même méthode de calcul à long terme, je considère qu’elle est acceptable, bien qu’elle ne soit pas conventionnelle. Avec suffisamment de temps, les méthodes de calcul de Statistique Canada et des CCL devraient produire la même variation annuelle moyenne de l’IPC. Ce que la CCL ne peut pas faire, pour des raisons de crédibilité, c’est être incohérente d’une année à l’autre dans la façon dont elle calcule la variation de l’IPC.