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Les dernières prévisions en juin montraient que les conditions étaient là pour que les prix des engrais en Alberta diminuent. C’est effectivement ce qui s’est produit. Dernièrement, les prix des engrais aux États-Unis ont grimpé (en anglais seulement), en partie à cause de la hausse des prix du gaz naturel. Tout de même, les prix des engrais aux États-Unis demeurent bien en deçà de leurs niveaux de l’année dernière. Avec l’évolution des conditions économiques et des prix en hausses aux États-Unis, il est temps de procéder à une mise à jour.

Malheureusement, je n’ai toujours pas de données pour les prix des engrais dans l’Est du Canada. La grève qui touche la Voie maritime du Saint-Laurent pourrait entraîner une hausse des prix des engrais dans l’Est du pays si elle perdure. Je reviendrai sur le sujet à la fin de ce billet.

Les données de la Figure 1 proviennent de Statistics and Data Development Section, Intergovernmental and Trade Relations Branch, Alberta Agriculture and Irrigation et USDA NASS. Les types d’engrais pour l’Alberta sont l’ammoniaque anhydre (82-0-0) avec service complet et applicateur, l’urée (46-0-0) et l’engrais (11-51-0). Le prix américain des engrais est représenté par un indice (échelle x 10) pour l’ensemble des États-Unis.

Les prix sont nettement inférieurs à ce qu’ils étaient il y a un an. Ils ont généralement suivi une tendance à la baisse comme prévu dans les dernières prévisions. Plus récemment, entre juillet et août, le prix du 46-0-0 a grimpé, le prix du 11-51-0 a légèrement augmenté et le prix du 82-0-0 a diminué.

Les tarifs des barges sur le Mississippi ont augmenté avec les faibles niveaux d’eau sur le fleuve. Ceux-ci sont susceptibles de rester bas (en anglais seulement) pendant un certain temps compte tenu des précipitations inférieures à la normale attendues dans le haut Midwest.

La Figure 2 montre que les tarifs des barges céréalières vers l’aval à partir de Saint Louis. Il s’agit d’une approximation que j’ai construite pour les tarifs des barges sur le fleuve Mississippi vers l’amont, pour laquelle je n’ai pas pu trouver de données. Les tarifs des barges sur le Mississippi ont grimpé, mais ils sont encore loin de s’approcher des niveaux de l’année dernière et ils ont diminué depuis leur sommet de septembre.

La Figure 3 montre que les prix du gaz naturel ont augmenté récemment, mais qu’ils sont beaucoup plus bas que l’année dernière. L’augmentation récente suit les tendances saisonnières, mais l’incertitude liée au conflit en Israël contribue probablement à une augmentation plus forte qu’autrement. L’absence de gaz naturel russe sur le marché de l’Union européenne contribue également à des prix plus élevés.

La récolte de maïs aux États-Unis est imposante et les prix du maïs ont chuté depuis le début de l’année. Les prix du maïs aux États-Unis ont diminué de près de deux dollars américains par boisseau depuis un an.

Je prédis les prix des engrais à partir de scénarios pour les variables des modèles :

  • Les taux de change, les prix du pétrole, les tarifs des barges et les tarifs ferroviaires restent à leurs moyennes d’octobre 2023 jusqu’à présent,

  • Le prix du maïs suit sa courbe des contrats à terme (CCT),

  • Trois scénarios pour les prix du gaz naturel (Henry Hub) :

    • CCT : les prix du gaz naturel suivent leurs CCT.

    • CCT -25 % : les prix du gaz naturel baissent de 25 % par rapport à leurs CCT.

    • CCT +25 % : les prix du gaz naturel augmentent de 25 % par rapport à leurs CCT.

La CCT est croissante pour le maïs tout au long de l’année de commercialisation, comme prévu dans des conditions de marché normales. Pour le gaz naturel, selon la CCT, les prix devraient augmenter jusqu’en février, puis diminuer.

La Figure 5 montre les prévisions pour les trois scénarios. Les prix des engrais devraient être relativement stables au cours des six prochains mois, et même baissé légèrement dans le cas de l’ammoniaque. Ce n’est pas trop surprenant. Les prix du maïs sont l’un des principaux prédicteurs des prix des engrais. La baisse des prix du maïs semble l’emporter sur les hausses des prix du gaz naturel et des tarifs des barges, entraînant donc une baisse des prix prévus des engrais.

La grève qui touche la Voie maritime du Saint-Laurent pourraient pousser à la hausse les prix des engrais dans l’Est du Canada. De solides inventaires d’engrais devraient aider à atténuer l’impact du manque d’approvisionnement en engrais à court terme. Les données sur les inventaires d’engrais pour septembre à la Figure 6 montrent que les provinces de l’Est n’étaient pas dans une mauvaise position avant le début de la grève. Les inventaires de NAU dans l’Est étaient faibles par rapport aux deux années précédentes. Pour le PMA et l’urée, ils étaient similaires aux deux années précédentes. Espérons que la grève sera de courte durée et qu’elle n’aura, compte tenu des niveaux décents d’inventaires, que les impacts seront minimes sur les prix des engrais.

Dans l’Ouest canadien, les inventaires d’engrais se comparent aux années précédentes. Cela renforce les prévisions ci-dessus selon lesquelles les conditions sont propices à la stabilité des prix des engrais au cours des six prochains mois.