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Le printemps est à nos portes, et avant de s’en rendre compte, le travail dans les champs commencera. Nous verrons ci-dessous que nous pouvons nous attendre à des prix des engrais plus bas l’été prochain. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les agriculteurs dont les marges seront minces cette année en raison de la baisse des prix des produits de base et de la baisse plus lente des prix des intrants.

Dans ce billet, je me penche également sur les performances passées de mes prévisions.

Les données de la Figure 1 proviennent de Statistics and Data Development Section (en anglais seulement), Intergovernmental and Trade Relations Branch, Alberta Agriculture and Irrigation (en anglais seulement) et USDA NASS (en anglais seulement). Les types d’engrais pour l’Alberta sont l’ammoniaque anhydre (82-0-0) avec service complet et applicateur, l’urée (46-0-0) et l’engrais (11-51-0). Le prix américain des engrais est représenté par un indice (échelle x 10) pour l’ensemble des États-Unis.

Les prix des trois types d’engrais reportés par le ministère de l’Agriculture et de l’Irrigation de l’Alberta sont inférieurs à ceux d’il y a un an. Le prix de l’ammoniac anhydre (82-0-0) a considérablement baissé depuis son sommet au début de 2022. Pour l’urée (46-0-0) et les engrais (11-51-0), les prix ont généralement suivi une tendance à la baisse, mais à un rythme plus lent. L’indice des prix aux États-Unis a été plus stable, mais a néanmoins perdu 10 % au cours de la dernière année.

Outre les prix des engrais du mois précédent, les trois principaux déterminants (variables prédictives) des prix des engrais sont les tarifs des barges sur le fleuve Mississippi, le prix du maïs du Chicago Mercantile Exchange (CME) et le prix du gaz naturel Henry hub.

J’utilise les tarifs des barges céréalières vers l’aval à partir de St. Louis comme approximation des tarifs des barges vers l’amont sur le fleuve Mississippi. La figure 2 montre que les tarifs des barges ont atteint un sommet en septembre à cause des faibles niveaux d’eau du Mississippi (en anglais seulement). Le prix du maïs CME a fortement baissé au cours de la dernière année. Il est même passé sous la barre des 4 USD / boisseau (en anglais seulement) à la fin du mois de février. Le prix du gaz naturel a atteint un sommet en janvier, mais a chuté de 50 % depuis.

La figure 2 montre également les prévisions pour les tarifs des barges, le prix du maïs et le prix du gaz naturel que je vais utiliser pour prédire les prix des engrais. Selon ces prévisions, les prix de ces déterminants des prix des engrais devraient demeurés bas. Comme les prix des engrais sont positivement corrélés à ces déterminants, nous pouvons donc nous attendre à des prix des engrais plus bas pour le premier semestre de 2024 que pour la même période en 2023.

Mes modèles statistiques résument l’information contenue dans les données pour former des prévisions des prix des engrais. Les prévisions nécessitent des scénarios pour les variables prédictives des modèles. Les prévisions utilisent le scénario suivant :

  • Les tarifs des barges et des chemins de fer sont prévus à l’aide d’un modèle de séries chronologiques,
  • Le taux de change, les prix du pétrole, le prix du maïs et le prix du gaz naturel suivent leurs courbes des contrats à terme (CCT).

Comme le montre la Figure 2, la CCT pour les prix du maïs est croissante, mais on s’attend néanmoins à ce que les prix du maïs demeurent bas. De même, la CCT pour le gaz naturel est ascendante, mais les prix devraient rester bas et suivre leur tendance saisonnière habituelle. Les tarifs des barges devraient également suivre leur tendance saisonnière habituelle.

La figure 2 montre les prévisions. Les conditions économiques actuelles favorisent une baisse des prix pour les trois types d’engrais. À moins d’un choc de marché important, nous pouvons nous attendre à ce que les prix des engrais continuent de baisser.

Il s’agit du cinquième billet dans lequel je fais des prévisions des prix des engrais. J’ai pensé que ce serait une bonne idée de revenir sur les prévisions précédentes pour vérifier à quel point elles s’approchaient des valeurs observées en réalité.

Toute prévision est conditionnelle à des hypothèses formulées par l’analyste. Cela signifie qu’on ne devrait pas juger un modèle trop sévèrement lorsqu’il examine des prévisions antérieures, car les hypothèses de l’analyste sont tout aussi importantes que le modèle lui-même. Je ne vais pas revenir sur les hypothèses que j’ai faites sur les variables prédictives et leurs valeurs correspondaient à ce qui s’est réellement passé. En examinant mes prévisions précédentes, j’adopterai la position selon laquelle le modèle fonctionne bien lorsqu’il capture bien les tendances prises par les prix des engrais. L’idée est de vérifier si les modèles détectent bien les tendances des prix des engrais, même lorsque les valeurs des variables prédictives ne sont pas exactes.

La figure 4 montre les données.

  • Novembre 2022 : Il s’agissait de ma première prévision et j’hésitais à les publier étant donné qu’elles montraient de fortes augmentations des prix des engrais déjà élevés. À cette époque, les tarifs des barges sur le Mississippi atteignaient un niveau record. Les prévisions étaient totalement fausses. Depuis, les taux des barges ont baissé et les modèles ont été recalibrés pour être moins sensibles aux fortes fluctuations des tarifs des barges.
  • Février 2023 : Pour l’ammoniac anhydre (82-0-0), le modèle prévoyait que le prix augmenterait fortement en raison des taux élevés des barges des mois précédents, mais qu’il baisserait ensuite. En réalité, le prix a légèrement augmenté, puis a baissé. Dans le billet, j’avais correctement commenté que je m’attendais à ce que le prix augmente, mais seulement modestement. Dans le cas des engrais (11-51-0) et de l’urée (46-0-0), les modèles ont correctement prévu des prix plus bas.
  • Juin 2023 : À l’exception d’une hausse du prix des engrais (11-51-0) à l’été 2023, les modèles ont correctement prédit les tendances.
  • Octobre 2023 : Les modèles prévoyaient des prix plus bas, ce qui n’a pas été exact dans le cas des engrais (11-51-0). Les prix de l’ammoniac anhydre (82-0-0) et de l’urée (46-0-0) ont augmenté, puis diminué pour atteindre les valeurs prédites par les modèles. Je ne sais pas exactement quel choc a causé la hausse momentanée des prix des engrais à la fin de l’été et au début de l’automne. Il s’agit peut-être d’une combinaison de tarifs plus élevés pour les barges et de prix plus élevés du gaz naturel.

Dans l’ensemble, à part les mauvaises prévisions de la première itération des modèles, je suis satisfait de leurs performances. Je vais continuer à améliorer les modèles, mais je m’attends à ce que celles-ci soient relativement mineures.