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Dans un article publié en novembre 2022, j’ai montré les principaux déterminants des prix des engrais en Alberta. Je me suis également aventuré à faire des prévision des prix des engrais. Cependant, j’avais des doutes puisque ces prévisions étaient faites alors que les taux sur les barges sur le Mississippi étaient à un sommet, les prix du gaz naturel étaient élevés et que les modèle prévoyaient que les prix des engrais en Alberta resteraient élevés, et même augmenteraient alors qu’ils diminuaient ailleurs. Les prix des engrais n’ont pas augmenté en novembre et en décembre, mais sont plutôt restés stables. C’est une bonne nouvelle pour les agriculteurs et je suis heureux que les prévisions ne se sont pas concrétisés.

Avec les taux des barges qui reviennent vers des valeurs normales [en anglais] et les prix du gaz naturel qui chutent à des niveaux comparables à ceux de l’an dernier, je suis confiant que les modèles produisent maintenant de meilleures prévisions. Voyons où les prix des engrais se dirigent au cours des six prochains mois compte tenu de la situation économique actuelle.

Les données sur le prix des engrais de la figure 1 proviennent du ministère de l’Agriculture et de l’Irrigation de l’Alberta [en anglais] et du NASS de l’USDA [en anglais]. Les engrais de l’Alberta sont l’ammoniac anhydre (82-0-0) avec applicateur, l’urée (46-0-0) et l’engrais (11-51-0). Le prix des engrais aux États-Unis est un indice (échelle x 10) pour l’ensemble des États-Unis. Les engrais (11-51-0) ont bien suivi l’indice des prix des engrais aux États-Unis. Cela concorde avec le fait que les Prairies importent de l’engrais des États-Unis.

Depuis octobre, les prix des engrais en Alberta ont légèrement diminué. Nous verrons ci-dessous si les conditions sont là pour que la tendance se poursuive au cours des six prochains mois.

Les engrais font leur chemin du sud des États-Unis vers le Canada par barges, trains et camions. À partir des tarifs des barges céréalières qui descendent à partir de St. Louis, j’approxime les tarifs des barges qui remontent le Mississippi, dont je n’ai pas pu trouver de données.

La figure 2 montre que le tarifs de barges est revenu presque au niveau observé au début de 2022. Mes prévisions de novembre étaient basées sur l’hypothèse que les tarifs des barges diminueraient, mais pas aussi rapidement. C’est une bonne nouvelle pour les agriculteurs des Prairies.

J’ai montré en novembre que les tarifs des barges sur le fleuve Mississippi sont un des déterminants des prix des engrais en Alberta. J’ai mis à jour le modèle avec les données de novembre et décembre 2022. Étant donné que les prix des engrais n’ont pas réagi fortement aux récents tarifs élevés des barges, les taux des barges ont perdu de leur importance dans le modèle. Néanmoins, les taux des barges demeurent l’un des principaux facteurs, mais leur effet immédiat estimé a diminué.

Le gaz naturel est l’un des principaux intrants dans la production d’engrais. Donc, il n’est pas surprenant que les prix du gaz naturel soient l’un des déterminants les plus importants des prix des engrais. La figure 3 montre que le prix du gaz naturel Henry Hub a chuté depuis son sommet en août. Son prix est maintenant inférieur à ce qu’il était il y a un an et est comparable à ce qu’il était voilà deux ans. Le prix du gaz naturel en Europe a suivi une tendance similaire.

Prévoir les prix des engrais nécessite l’élaboration de scénarios plausibles pour les variables des modèles. Les prévisions ci-dessous supposent ce qui suit :

  • Les taux de change, les prix du pétrole, les tarifs des barges et les tarifs ferroviaires restent à leurs moyennes de février 2023 jusqu’à présent,

  • Le prix du maïs suit sa courbe des contrats à terme (CCT),

  • Trois scénarios pour les prix du gaz naturel (Henry Hub et TTF néerlandais) :

    • CCT : les prix du gaz naturel suivent leurs CCT.

    • CCT -25% : les prix du gaz naturel baissent de 25 % par rapport à leurs CCT.

    • CCT +25% : les prix du gaz naturel augmentent de 25% par rapport à leurs CCT.

La figure 4 présente les prévisions pour les trois scénarios. Dans le cas de l’ammoniac anhydre, le modèle prévoit que le prix atteindra un sommet en février, puis diminuera. Ceci s’explique par les tarifs des barges qui se frayent un chemin dans les prix des engrais avec des retards. Si l’histoire récente nous apprend quelque chose sur ce qui va se passer, l’effet différé des tarifs des barges devrait être faible et si le prix de l’ammoniac anhydre augmente, il devrait être modeste. Pour le 11-51-0 et l’urée, les modèles prévoient une baisse des prix.

Si les conditions économiques actuelles se maintiennent, nous devrions observer des prix plus bas pour les trois types d’engrais dans six mois. Cela rendrait les prix plus bas qu’à la même période en 2022, mais environ 20 % plus élevés qu’en 2021.

Je n’ai toujours pas de données sur les prix des engrais dans l’Est du Canada, qui importe des engrais transportés par bateau. Pour autant que je sache, le droit de douane de 35 % sur les importations d’engrais en provenance de Russie s’applique toujours. Le gouvernement canadien a récemment fait preuve d’ouverture pour fournir de l’aide aux agriculteurs, mais les remboursements ne semblent pas être une option.

Les inventaires d’engrais de septembre montrent que le Canada est actuellement en bonne position, avec des stocks d’engrais comparables à ceux des années précédentes. C’est rassurant.

Les prix des engrais sont encore élevés, mais les conditions sont là pour qu’ils diminuent. Espérons que ces prévisions se concrétisent, menant à une année très rentable pour les agriculteurs canadiens.