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Dans ce billet, je jette un coup d’œil à la répartition géographique des fermes pour certains secteurs. Ceci n’est pas le dernier billet sur la répartition géographique des fermes au Canada. J’espère montrer comment les infrastructures desservent les fermes à travers le pays dans un prochain billet.

Dans un billet précédent, je montre des cartes de la répartition des fermes de cultures et d’élevage au Canada basées sur les données du Recensement de l’agriculture de 2021. J’y donne aussi la définition d’une ferme et quelques détails sur les données du recensement. J’y explique également ce que sont des cartes à points de densité (en anglais seulement). En bref, dans les cartes ci-dessous, chaque point représente une ferme située au hasard dans la subdivision de recensement consolidée à laquelle elle appartient parce que je n’ai pas l’emplacement exact des fermes.

Je montre dans ce qui suit des cartes pour une sélection de secteurs. Notez qu’une ferme est classée dans un secteur si elle est principalement engagée dans sa production. Ainsi, les cartes ci-dessous ne montrent pas toutes les fermes produisant un certain produit agricole parce qu’il n’est pas nécessairement la principale source de revenus d’une ferme.

Je montre dans la Figure 1 des cartes à points de densité des fermes de maïs et de soja parce que ce sont des cultures qui sont fréquemment en rotation. La majorité des fermes de maïs et de soja se trouvent en Ontario et au Québec. Il y a une concentration de fermes de soya au Manitoba, mais peu de fermes de maïs. Dans cette région, les agriculteurs font la rotation du soja avec des cultures comme les pois, les haricots secs, le canola et l’avoine. Il y a presque deux fois plus de fermes de soya que de fermes de maïs au Canada. Le soya nécessite moins de degrés-jour de croissance que le maïs, il n’est donc pas très surprenant d’en voir plus au Canada.

La Figure 1 montre également l’emplacement des fermes porcines et des fermes de volailles et d’œufs. Ces productions utilisent le maïs comme ingrédient principal dans l’alimentation des animaux avec du tourteau de soja ajouté pour augmenter la teneur en protéines. Ainsi, nous nous attendons à ce que les fermes porcines et les fermes de volaille et d’œufs soient situées près des fermes de maïs et de soja. C’est en effet le cas pour les fermes porcines. Les fermes de volailles et d’œufs, cependant, sont situées partout au Canada, avec des concentrations plus élevées en Ontario et au Québec. Cela reflète le système de gestion de l’offre au Canada, où les quotas de production sont gérés au niveau provincial.

La Figure 2 montre l’emplacement géographique des fermes de blé, de canola, de pois & haricots secs et d’autres céréales. Il n’y a pas de code SCIAN spécifiquement pour le canola, mais le code SCIAN pour les oléagineux (sauf le soja) est presque entièrement composé de fermes de canola. La classification pour les autres cultures céréalières comprend les fermes céréalières qui n’entrent pas dans les autres catégories ou qui cultivent principalement une combinaison d’oléagineux et de céréales.

Les cultures dans la Figure 2 sont les plus importantes dans les Prairies et sont souvent plantées en rotation. Les fermes de blé sont majoritairement dans les Prairies et dans le sud de l’Ontario. Le canola est dominant dans les Prairies, surtout dans le nord de l’écoumène agricole. Il y a plus de deux fois plus de fermes de canola que de fermes de blé. Les fermes de pois & haricots secs se concentrent en Saskatchewan. Les autres cultures céréalières constituent la catégorie la plus importante. Elle englobe les fermes qui ne se spécialisent pas dans une seule culture et montre que les fermes à travers le pays ont tendance à se diversifier dans plusieurs cultures de céréales et d’oléagineux.

Le bétail se nourrit de foin. Il n’est donc pas surprenant de constater dans la Figure 3 que les fermes de foin, les fermes laitières et les fermes de bovins de boucherie sont situées dans les mêmes zones. La gestion de l’offre pour le lait, administrée par des offices provinciaux, favorise une distribution des fermes laitières partout au Canada. Les fermes de bovins de boucherie sont remarquablement bien réparties à travers le Canada.

Il aurait été intéressant de cartographier les fermes d’orge puisque l’orge est utilisé pour nourrir le bétail, en particulier dans les Prairies. Malheureusement, les données n’incluent pas une catégorie spécifique pour l’orge. Pour compléter la figure, j’ai inclus dans la Figure 3 les fermes de moutons ou de chèvres. Elles ne sont pas très courantes. Comparativement, il y a onze fermes de bovins de boucherie pour chaque ferme ovine ou caprine. La plupart des fermes ovines et caprines sont en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique.

La Figure 4 montre la répartition géographique des fermes de pommes de terre et de tabac. J’ai choisi les fermes de pommes de terre parce que les gens ont tendance à penser que l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick sont les plus grands producteurs de pommes de terre au Canada. En fait, en 2022, l’Alberta était le plus grand producteur de pommes de terre au Canada juste devant l’Île-du-Prince-Édouard. Le Manitoba était troisième, tout près derrière, puis il y a une différence importante avec Nouveau-Brunswick en quatrième place et le Québec à la cinquième place.

J’ai cartographié l’emplacement des fermes de tabac parce que j’étais curieux de savoir s’il y en avait encore beaucoup et où elles se trouvent. Selon le Recensement de l’agriculture de 2021, la grande majorité se trouvait dans le sud de l’Ontario, il y en avait quelques-unes en Alberta, une au Québec et une à l’Île-du-Prince-Édouard. La carte ne montre pas toutes les fermes qui cultivaient du tabac, puisqu’elle ne montre que les fermes qui produisaient principalement du tabac. Ainsi, il y a probablement plus de fermes qui cultivaient du tabac, mais pour lesquelles ce n’était pas la principale source de revenus.

Lorsque j’ai quitté le Québec en 2004 pour poursuivre des études de doctorat en Californie, je voyais très peu de champs de soya dans ma région natale. Lors de mes visites lors des étés suivants, j’en voyais de plus en plus. Des prix plus élevés, une meilleure génétique, des étés plus chauds et un plus grand savoir-faire ont rendu le soya plus rentable pour les agriculteurs québécois.

Je montre à la Figure 5 comment le nombre de fermes de soya a évolué au fil des trois derniers recensements. Tout d’abord, observez la croissance du nombre de fermes de soja. Elles sont passées de 6 423 fermes en 2011, à 7 859 fermes en 2016, et à 11 741 fermes en 2021. En Ontario et au Québec, nous pouvons voir la répartition des fermes se densifier et s’étendre vers le nord. Au Manitoba, il y a une nette croissance du nombre de fermes de soya entre 2011 et 2016, puis le nombre de fermes de soya a diminué entre 2016 et 2021. Les agriculteurs du Manitoba ont délaissé le soja après des rendements décevants lors des années plus sèches.

La figure 6 montre les rendements moyens et les superficies ensemencées pour le soja par province. L’Ontario et le Québec ont les meilleurs rendements. Les rendements sont plus faibles au Manitoba et ils sont plus volatils. Il n’est donc pas très surprenant que les agriculteurs du Manitoba aient délaissé le soja en faveur d’autres cultures étant donné le risque associé au soya. Avec des rendements plus élevés et plus prévisibles, les agriculteurs ontariens et québecois ont lentement augmenté les superficies ensemencées en soya.